Théâtre de l’absurde en Moldavie : des élections parlementaires sans seuil minimal de participation
Après les modifications de la loi électorale en Moldavie concernant le déroulement des élections à partir de 2017 et jusqu’au décembre 2018, les élections parlementaires prévues le 24 février prochain seront soumises à de nouvelles règles. Selon le nouveau Code électoral, aucun pourcentage minimum de votants n’est requis pour valider l’élection, en sachant que l’ancien code prévoyait un pourcentage minimum de 33%.
Dans les pays membres de l’UE par exemple, ce pourcentage est obligatoire. Parfois il s’agit même d’une majorité absolue des suffrages exprimés pour que les élections soient valides.
Mais en Moldavie, les élections du 24 février 2019 sont organisées :
- sans taux minimum de participation,
- sans qu’il y ait deux tours de scrutin, même si le candidat victorieux d’une circonscription obtient moins de 50% des suffrages,
- avec des candidats titulaires d’un certificat d’intégrité malgré des condamnations pénales pour corruption,
- avec un découpage électoral « stratégique » qui favorise les membres du parti de gouvernement qui détient le pouvoir en Moldavie (Parti Démocrate de Vlad Plahotniuc, Parti Socialiste d’Igor Dodon, président de la République)
Autrement dit, survive qui peut dans cette folie.
« Le nombre d’électeurs qui iront voter suffira », a déclaré Iurie Ciocan, membre et ancien président de la Commission électorale centrale, dans une interview accordée à europalibera.org. Ainsi, si dans une circonscription, seules trois personnes votent, un député peut être élu avec 3 voix, 2 voix, ou une seule voix. Voilà le genre de loi électorale qu’a su proposer et voter le pouvoir actuel en Moldavie (PD, PSRM).
Ce ne sont pas des élections, c’est le théâtre de l’absurde. Aucune représentativité des électeurs pour ces députés. Aucune règle écrite par ceux qui veulent à tout prix conserver le pouvoir. Mais, une fois passées les élections, comme d’habitude, les Moldaves se plaindront de la pauvreté, des retraites en berne et des bas salaires, des mauvaises conditions dans les hôpitaux et dans les écoles, et plus généralement de la pauvreté.
A mon avis, tout est lié, on vit dans un cercle vicieux. À un moment donné, ce cercle doit être brisé si l’on souhaite accéder à une vie normale, comme dans un pays démocratique. Mais si ce n’est pas le cas, cela signifie-t-il que la Moldavie mérite ce destin ?!
« Si nous choisissons un Parlement à 10%, cela signifie que nous le méritons », a déclaré Iurie Ciocan, membre de la Commission électorale centrale, dans la même interview. Est-ce vraiment ce que nous, les Moldaves, nous méritons ?